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2014/1 Der Alpenraum – ein Kulturraum

Les Alpes, un espace de valorisation également pour les archivistes

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Les Alpes représentent plus de la moitié du territoire de la Suisse et, même si les Alpes suisses n’en forment que le 10% du massif, elles s’y situent en plein coeur; le contrôle et le maintien des voies alpines constituent un enjeu constant de l’histoire suisse. Les Alpes ont forgé le développement et l’identité de la Suisse, et ont nourri son imaginaire. Au soir de la votation du 6 décembre 1992, rejetant l’Accord sur l’Espace économique européen, la promesse politique avait été faite d’éviter l’isolement de la Suisse. Elle a été tenue, malgré les appels insistants de certains au repliement (Pour le détail des organismes frontaliers et eurorégions, voir www.eda.admin.ch/eda/fr/home/topics/scoop/sccom/scoorg.html#ContentPar_0016).

Dans ce contexte, les archivistes suisses, confrontés aux réalités historiques et linguistiques, ont également recherché les échanges transfrontaliers. La globalisation de l’information, manifeste au travers de l’Internet, la complexité de l’archivage électronique et la diffusion numérique ont démontré l’obligation de dépasser les frontières géographiques dans les échanges, la capacité ubiquiste de la diffusion et de la consultation. Longtemps laissée sans formation certifiée, la profession d’archiviste en Suisse s’est enrichie d’emprunts provenant principalement des pays limitrophes, au bénéficie d’une lointaine tradition d’enseignement. L’Association des archivistes suisses, née en 1922, a offert un premier espace de rencontre qui s’est fortifié avec le temps.

L’introduction de filières communes avec les partenaires de la bibliothéconomie et de la documentation a favorisé les rapprochements et la compréhension intergénérationnels à l’intérieur des sciences de l’information. Depuis une quinzaine d’années, la communauté des archivistes suisses se profile mieux sur les thèmes professionnels, fait valoir des interprétations originales et une lecture spécifique des questions archivistiques. En 2007, le fait n’est pas anodin, un premier manuel des pratiques archivistiques en Suisse a paru, avec un contenu historique soulignant davantage les convergences des institutions d’archives que leur simple juxtaposition. Le multilinguisme et l’interculturalité sont moins ressentis comme des handicaps que comme des atouts, quand on les aborde sur le plan international. Les archivistes suisses ont pris l’habitude d’être présents hors des frontières nationales et dans les organismes internationaux, balisant de nouvelles relations trop longtemps laissées à la seule responsabilité des Archives fédérales suisses. Les partenariats conclus avec des institutions étrangères dans le cadre du Master of Advanced Studies in Archival, Library and Information Science, des Universités de Berne et de Lausanne, et par les Hautes écoles spécialisées en information documentaire de Genève et de Coire homologuent désormais la composante internationale dans la formation des nouveaux archivistes.

Deux organisations transfrontalières dans l’espace des Alpes marquent la présence des archivistes suisses, l’une et l’autre s’appuyant sur des fondements territoriaux et historiques.

La première, d’origine politique, la Communauté de travail des pays alpins, Arge Alp (ARbeitsgemeinschaft ALPenländer)2, a été instituée le 1er octobre 1972. Les cantons de Saint-Gall, des Grisons et du Tessin en font partie. La Conférence des directeurs d’Archives, fondée en 1976, a publié un guide d’archives en 19953. Sa dernière manifestation qui engage l’ensemble des archivistes est l’inauguration, le 21 octobre 2013, de l’exposition itinérante «Alpen unter Strom – L’energia delle Alpi», à Munich4.

Structurés de manière informelle autour de quelques archivistes leaders, les colloques des archivistes de l’Arc alpin occidental réunissent les archivistes des zones alpines étendues de trois Etats: l’Italie (Ligurie et Piémont), la France (Rhône-Alpes, Savoie, Haute-Savoie, etc.) et la Suisse (cantons romands). Les premiers contacts entre les archivistes du Piémont et de la région savoyarde dans les années 1950 avaient préparé le terrain et apaisé les tensions nées du partage imposé de l’extérieur des fonds d’archives conservés à l’Archivio di Stato di Torino. Six rencontres ont eu lieu depuis 19935: Ajaccio, 14–16 octobre 1993, «Institutions et archives de ce côté-ci et de ce côté-là des Alpes jusqu’au milieu du XIXe siècle: formation et traitement des fonds archivistiques; évolution et discontinuité»; Turin, 26–28 septembre 1996, «Les Archives et leurs usagers»; Lyon, 23–25 septembre 1999, «Démocratique transparence et nécessaire secret, bilan et discussion autour de l’évolution de la législation en France, en Suisse et en Italie»; Lausanne, 11–12 mars 2004, «Identités régionales»; Susa, 14-16 septembre 2008 «Formation, organisation, gestion et utilisation des archives historiques des communautés religieuses de base» et Chambéry, 5–6 juillet 2012, «Les sources d’archives pour l’étude du climat et de l’environnement »6.

Longtemps sédentaire et confiné à son institution avec laquelle il reste le plus souvent lié à vie, l’archiviste suisse a commencé à privilégier les réseaux pour penser en termes collectifs et panoramiques. Lui qui n’évolue pas dans des univers uniformes, formatés et amalgamés a pris de la distance et du recul par rapport à son institution, en participant à des rencontres professionnelles à des échelles différentes. En ce sens, la notion transfrontalière demeure une plus-value professionnelle, car elle produit la comparaison, l’inspiration, l’échange, voire la controverse, tout en évitant la superposition des réalités. Les obligations de gestionnaire qui pèsent de plus en plus fort sur les épaules des archivistes ont progressivement fait passer ces espaces de rencontres, justifiés et organisés à l’origine au nom de considérations d’un passé historique commun, à des thématiques génériques. Dans l’Arc alpin comme ailleurs, les archivistes suisses s’offrent de nouvelles impulsions et reconnaissances professionnelles; ils affirment leur appartenance et leur attachement à une communauté universelle, faisant fi des frontières et des carcans idéologiques.

Oui, les Alpes, une terre de contacts et de nécessaires rencontres!

Coutaz Gilbert 2016

Gilbert Coutaz

Gilbert Coutaz a été directeur des Archives cantonales vaudoises de 1995 à 2019. Il a présidé l’Association des archivistes suisses entre 1997 et 2001, après avoir été membre du Comité directeur de la Section des Associations professionnelles d’archivistes du Conseil international des archives entre 1992 et 2000. Pour ses mérites, l'AAS l'a nommé membre honoraire en septembre 2019.

Membre de plusieurs comités de sociétés d’histoire, il est à l’origine en 1998 de Réseau-PatrimoineS Association pour le patrimoine naturel et culturel du canton de Vaud, en 2004 de COSADOCA (Consortium de sauvetage documentaire en cas de catastrophe), et en 2011 de Mnémo-Pôle.

Entre 2006 et 2014, il a enseigné l’archivistique aux Universités de Berne et de Lausanne dans le cadre du Master of Advanced Studies in Archival, Library and Information Science (MAS ALIS). Il est notamment l’auteur de Archives en Suisse. Conserver la mémoire à l’ère numérique paru en 2016.

Abstract


Die Alpen nehmen mehr als die Hälfte des Territoriums der Schweiz ein, und auch wenn die Schweizer Alpen nur 10% der gesamten Alpenfläche bedecken, befinden sie sich im Zentrum dieser Gebirgskette. Die Kontrolle und die Erhaltung der Alpenpässe stellen eine ständige Herausforderung in der Schweizer Geschichte dar. Die Alpen haben die Entwicklung und die Identität der Schweiz geprägt und ihre Vorstellungswelt bereichert.

Am Vorabend der Abstimmung vom 6. Dezember 1992, mit der das Abkommen über den gemeinsamen europäischen Wirtschaftsraum abgelehnt wurde, wurde das politische Versprechen abgegeben, eine Isolierung der Schweiz zu vermeiden. Dieses Versprechen wurde gehalten, trotz der nachhaltigen Forderungen einiger nach einem Rückzug.

In diesem Zusammenhang haben die Schweizer ArchivarInnen angesichts der historischen und sprachlichen Realitäten ebenfalls nach grenzübergreifenden Austauschmöglichkeiten gesucht. Der Schweizer Archivar, lange Zeit sesshaft und auf seine Institution beschränkt, mit der er meistens auf Lebzeiten verbunden blieb, hat so tatsächlich begonnen, Netzwerke zu nutzen, um in kollektiven und übergreifenden Zusammenhängen zu denken. In diesem Sinn bedeutet die grenzübergreifende Zusammenarbeit einen beruflichen Mehrwert: Im Alpenraum bieten sich den Schweizer Archivarinnen, ebenso wie anderswo, neue Anregungen und gegenseitige berufliche Anerkennung; sie bestätigen die Zugehörigkeit und Verbundenheit mit einer universellen Gemeinschaft, ohne sich um Grenzen und ideologische Lasten zu kümmern. Ja, die Alpen sind ein Raum der Begegnung und des Austausches! (Übersetzung: as)